
Selon la dernière étude publiée par Xerfi, intitulée « Le marché du snacking à l’horizon 2030 – Les stratégies face à l’offensive du foodservice et aux nouveaux comportements alimentaires », le marché du snacking poursuit sa progression en France. Sous réserve d’une inflation maîtrisée, il pourrait approcher les 15 milliards d’euros d’ici 2030, contre près de 14 milliards en 2024, dans les grandes surfaces alimentaires (GSA). Les encas, goûters, produits apéritifs et autres solutions repas constituent un véritable relais de croissance pour les distributeurs, avec des ventes en hausse moyenne de 6 % par an depuis 2021, soit deux fois plus que la croissance des produits de grande consommation en libre-service. Cette dynamique s’explique par l’évolution des modes de vie. En effet, la déstructuration des repas, la consommation individualisée, la recherche de praticité et de prix accessibles favoriseraient le développement du snacking, souvent consommé hors du domicile. Les marques de snacking multiplient les points de contact et investissent de nouveaux circuits à l'instar des boulangeries, stations-service, mais aussi bureaux de tabac. Ces derniers cherchent à diversifier leurs revenus face à la baisse des ventes de cigarettes, en s’associant à des marques comme Sodebo ou Andros pour distribuer leurs produits alimentaires.
Le foodservice devient un concurrent de taille
L’essor de la livraison à domicile (avec des plateformes telles que Deliveroo ou Uber Eats) a effacé les frontières entre restauration et grande distribution. La concurrence, autrefois concentrée sur la pause-déjeuner, s’étend désormais au dîner, menaçant un peu plus le périmètre traditionnel des GSA. Les tendances sociétales soutiennent également le développement du snacking : la réduction de la taille des foyers, le manque de temps pour cuisiner ou encore la généralisation du télétravail favorisent les repas rapides et flexibles. L’apéritif dînatoire, devenu une véritable institution, illustre cette mutation des usages et explique la performance durable du rayon apéritif, le plus dynamique du segment. Si la grande distribution concentre encore l’essentiel des ventes, les circuits alternatifs comme les boulangeries, les distributeurs automatiques, les commerces de proximité, ou les tabacs et stations-service représentent déjà près de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, portant la valeur totale du snacking à près de 20 milliards d’euros en France. Les fabricants l’ont bien compris, confiseries en vrac, formats individuels, ou encore produits dédiés à la consommation nomade se multiplient.
Quand la grande distribution joue les restaurateurs
Face à la baisse des volumes en GSA, les enseignes redoublent d’initiatives pour capter cette croissance. Elles élargissent leurs gammes, renforcent leurs marques de distributeur et repensent leurs points de vente pour valoriser la consommation immédiate. Carrefour City, par exemple, a intégré cinq nouvelles références de snacking (hot dogs, tacos, kebabs) dans un concept revisité autour des repas sur le pouce. Les géants de la distribution investissent dans la restauration, considérée comme « le commerce de demain ». Monoprix a ainsi lancé en 2025 La Cantine, un concept mêlant café barista, plats chauds, sandwichs signature et planches apéritives. Picard, pionnier du snacking en entreprise avec ses 300 Snack Bar, a pour sa part inauguré dès 2022 Mix & Miam, son premier bar à plats cuisinés. Ces initiatives traduisent la volonté des distributeurs d’intégrer la restauration dans leur modèle économique et d’attirer une clientèle en quête de repas rapides, pratiques et gourmands. Toutefois, malgré leur ambition et la porosité croissante entre les circuits, les enseignes peinent encore à convaincre durablement les consommateurs face à la puissance et à la flexibilité des acteurs du foodservice.