
Le Collectif Café tire la sonnette d’alarme : deuxième boisson la plus consommée au monde après l’eau, le café fait aujourd'hui face à de nombreux défis comme la crise climatique, les tensions géopolitiques, ou encore la chute de la qualité et des pratiques de grande distribution. Autant de facteurs qui menacent la filière et pourraient, à terme, entraîner des pénuries...
Une filière sous tension
La production mondiale de café a bondi de 60 % en 35 ans, pour répondre à une consommation qui atteint désormais 2,6 milliards de tasses par jour. Mais cette croissance se heurte à des limites. En un an seulement, les prix ont explosé : +75 % pour l’Arabica et +60 % pour le Robusta. Principalement cultivé en Amérique latine (70 %), en Asie (20 %) et en Afrique (10 %), le café fait vivre 125 millions de familles dans 60 pays, tandis que l’âge moyen des producteurs est aujourd’hui de 59 ans, rendant incertaine la relève. L’Europe importe 39 % de la production mondiale. En France, 80 % de la population déclare consommer régulièrement du café, soit 5,4 kg par habitant et par an. Si une majorité l’achète en grande distribution, un tiers des Français le consomment hors domicile, dans les cafés, hôtels et restaurants.
Le café de spécialité : une réponse durable
Face à ces enjeux, le Collectif Café met en avant le rôle croissant du café de spécialité. Ce dernier, noté 80+/100 par la Specialty Coffee Association (SCA), répond à des critères exigeants de traçabilité, de respect des terroirs et de durabilité. Il représente aujourd’hui 8 % des ventes de café en France, avec une progression annuelle de +15 %. Les torréfacteurs artisanaux et les coffee shops indépendants tirent le marché vers la qualité : plus de 3 500 coffee shops, dont 1 000 indépendants, proposent désormais du café de spécialité. Le café en grain séduit de plus en plus les consommateurs, avec 25,9 % de part de marché, tandis que les ventes de machines avec broyeur dépassent 800 000 unités par an. La consommation hors domicile s’intensifie également : en 2024, les recettes à base de café (latte, moka, café glacé) ont progressé de 15 à 20 %, et la croissance devrait atteindre 20 % en 2025. L’origine des grains devient un critère déterminant pour les consommateurs, avec une préférence marquée pour les cafés d’Éthiopie.
Un appel à une consommation éclairée
Le Collectif Café insiste sur la nécessité de revaloriser le café et de repenser sa consommation. La différence de prix entre un café industriel et un café de spécialité reste minime : 0,10 € la tasse contre 0,14 € en moyenne. Soit seulement quatre centimes de plus pour un produit plus qualitatif, traçable et durable. « Le café doit se consommer frais, récolté de l’année, torréfié peu après la récolte et moulu à la demande. Un bon café, c’est du goût, mais aussi des valeurs : respect du producteur, rémunération équitable, culture durable et savoir-faire artisanal. Un mauvais café ne brûle pas seulement l’estomac : il brûle toute une filière », souligne Loïc Marion, Président du Collectif Café. Le collectif appelle consommateurs et professionnels à soutenir une filière éthique et durable, en privilégiant la traçabilité, la fraîcheur et le savoir-faire des artisans. Objectif : préserver l’écosystème du café et garantir que cette boisson universelle reste quotidienne et accessible, et non un produit rare et de luxe dans les décennies à venir.