En ces temps de crise sanitaire et économique, et dans le cadre de la préparation d’un n° spécial de B.R.A. Tendances Restauration sur les conséquences du Covid-19, nous publions en ligne une série de témoignages d’experts, de dirigeants et d’acteurs du secteur. Sentiment général, actions mises en place, avis et conseils : la restauration commerciale et son univers se livrent via notre magazine professionnel national. Propos recueillis par Anthony Thiriet
>> Aujourd’hui, échange avec… Benoît Feytit, directeur général de METRO France
● Quel bilan 2020 dressez-vous pour la restauration?
Benoît Feytit : L’année fut très compliquée pour ce secteur, et le bilan est bien sûr négatif pour toute la profession. Même si certains s’en sortent mieux que d’autres, il n’y a pas de quoi triompher. Les chiffres sont connus : on parle de – 30 % à – 50 % d’activité pour 2020, selon le type de lieu et de restauration. Nous savons aussi que, si l’impact fut très homogène lors du 1er confinement, les acteurs ont ensuite été touchés de façon très différente selon leur activité et leur situation géographique ; y compris dans une même ville, comme à Paris où les quartiers touristiques ont été plus lourdement impacté que les quartiers résidentiels.
● Que retenez-vous de vos échanges avec les chefs et dirigeants d’établissements?
B.F. : Nous retenons inévitablement la très grande inquiétude qu’ils ont ressenti tout au long de l’année depuis mars quant à leur avenir, avec cette incapacité à prévoir les choses. Beaucoup ont toutefois décidé de trouver des solutions pour redémarrer ou booster leur activité, et cela dès le 1er confinement, notamment via la VAE et la livraison ; activités qu’ils ont souvent décidé de poursuivre. Nous avons vu plusieurs initiatives intéressantes, comme celle ludique et efficace de notre client Vincent Boccara : lui et son associé Njhia Dang Huu ont lancé en avril, avec leurs restaurants parisiens Goku Asian Canteen et Bruce, une version « en kit » de leur burger Black OG, vainqueur 2017 de la Coupe de France du Burger, avec une notice façon meuble Ikea. En parallèle, je retiens aussi de cette crise les différents mouvements de soutien auprès des hôpitaux et de leurs équipes, telle l’opération « Les chefs avec les soignants » dont nous étions partenaires et qui a permis de servir 120 000 repas aux soignants.
● Quid de METRO ? Comment votre entreprise a-t-elle vécu cette année 2020?
B.F. : Le bilan de METRO France est globalement en phase avec celui du secteur. Dans le contexte actuel, notre polyvalence et le format cash & carry ont offert une plus grande agilité aux restaurateurs qui souhaitaient travailler davantage en flux tendu du fait de manque de visibilité. Les professionnels ont apprécié le fait que nous ayons été là pour eux en restant ouverts, en continuant de maintenir autant que possible nos approvisionnements, en étant à leur écoute et en leur proposant des conseils et des solutions pour maintenir une partie de leur activité. La saison estivale, avec les Français qui sont restés dans l’Hexagone et sont allés au restaurant, a bénéficié à nos clients et nous a permis de réduire fortement l’impact de la crise. Celle-ci nous a toutefois obligé à revoir un certain nombre de choses. Nous avons dû procéder à une réorganisation à tous les niveaux de notre entreprise, tant aux achats que dans les services supports et au sein de nos 98 entrepôts en France. Les équipes ont fait un travail formidable et se sont montrées extrêmement réactives.
« À l’issue de cette crise, les consommateurs attendront davantage d’authenticité, de local et de durable » Benoît Feytit
● Comment envisagez-vous la suite, et qu’espérez-vous ?
B.F. : Même si certaines nouvelles peuvent paraître rassurantes, comme celles autour d’un potentiel vaccin, nous ne savons toujours pas combien de temps tout cela durera ; ce qui est, selon moi, le plus éprouvant pour les restaurateurs. Ces derniers ont à nouveau appris le 12 novembre qu’ils ne pourraient de toute façon pas rouvrir le 1er décembre. La situation est compliquée, mais je crois qu’il faut rester combatifs. Les choses vont forcément s’améliorer dans les prochains mois, et j’espère que tout cela ne sera bientôt qu’un mauvais souvenir. Je souhaite que le plus grand nombre de restaurateurs puissent se relever et reprendre leur activité car la France reste ce pays qui fait rêver le monde entier pour sa gastronomie, sa culture, ses paysages et sa manière de vivre.
● Quel conseil souhaitez-vous justement adresser aux restaurateurs qui nous lisent ?
B.F. : Je pense qu’à l’issue de cette crise, les consommateurs attendront davantage encore d’authenticité, de local et de durable dans leurs assiettes. Ils voudront aussi, sans doute, consommer plus régulièrement chez eux des plats qu’ils allaient consommer avant au restaurant. J’invite donc tous nos clients, tous vos lecteurs et tous les restaurateurs à prendre en compte ces évolutions concernant les attentes de la clientèle, afin qu’ils soient encore plus attractifs et encore plus compétitifs demain.
Interview offerte à tous, à retrouver dans B.R.A. n°414 « Spécial Covid » (déc. 2020).
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